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mardi 15 mai 2007

126 - Amitié particulière

Madame de,

Sachez que dans l'affaire qui m'occupe ici avec vous, le talent n'est rien.

Seule compte la particule. C'est elle qui confère la beauté, la dignité, la grandeur à celui qui a l'honneur d'être bien né. Votre particule seule suffit à donner du prix à votre personne, au moins à mes yeux. J'ose espérer que vous ne serez pas insensible à mon propos, puisque vous faites partie des élues. Votre particule, votre nom, votre rang sont des gages de valeur selon moi. Votre beauté est là, véritablement.

Votre plume m'est aimable, quoi qu'il en soit. Vous valez bien que je vous lise, au moins pour la raison essentielle que vous faites partie des gens de bien qui ont le privilège d'avoir la particule. Votre particule, c'est votre talent.

Je ne ferai pas preuve d'humilité quant à vos éloges au sujet de ma plume, car je n'ai pas les moyens d'être humble. Je suis ainsi fait que la fierté est mon habit de sortie habituel. Vous pouvez louer ma verve : je porte avec beaucoup de prestance les lauriers. Je chante ma gloire à pleine gorge, et tant pis pour ceux qui ne veulent pas m'entendre : s'ils préfèrent la discrétion à mes cris de guerre, ils n'ont qu'à écouter les piètres silences d'humilité de ceux qui, trop modestes, n'assument pas leur art en société.

Vous devrez accepter avec transport ma hautaine éloquence Madame, si vous voulez m'avoir pour ami.

Dites-moi comment vous vous portez après lecture de ce message. Et je saurai si vous êtes digne de mon amitié.

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