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mardi 15 mai 2007

165 - Ma fierté d'être

Vous me dites orgueilleux parce que j'ai "l'insolence" de ne pas m'effacer devant ces icônes mortes que sont tous ces auteurs que vous encensez à longueur de temps.

Ces sortes de légendes à qui vous attribuez implicitement de la valeur surtout par la seule et sotte vertu du temps qui passe (le temps semble bonifier le souvenir des morts illustres), ces idoles que vous semblez adorer de manière imbécile parce que dès l'école primaire on vous a appris à vous incliner devant des faux dieux institutionnalisés par le saint Enseignement National, ces bergers prétentieux de la cause littéraire et philosophique que vous ne suivez de toute façon pas soit par manque de coeur, de talent, de loyauté ou de constance, bref tous ces maîtres à penser et à écrire qui vous volent votre personnalité, ne sont en définitive que des morts qui, à cause de votre intime et directe complicité, usurpent votre droit à être ce que vous êtes.

Et qu'êtes-vous donc ? Je vous le dis en vérité, vous n'êtes ni plus ni moins que ces petits dieux du panthéon littéraire et philosophique que vous chantez sans cesse, parfois sans rien comprendre à leurs "paroles d'évangile" (comme par exemple certains des vers "rimbalesques"). Mais vous ne la savez pas ou ne voulez pas être reconnus comme tels, trop humbles que vous êtes pour vouloir être autre chose que des éternels petits.

Vous vous croyez beaucoup moins que ces modèles officiels de la culture classique et vous complaisez dans cette respectable et si valorisante misère de l'être, en indécents et incorrigibles modestes que vous êtes ! Vous mettez tant de fierté à n'être que les "adorateurs" de vos augustes aînés...

La société aime les gens modestes comme vous. Vous n'osez pas défier les dieux narquois (gens déifiés bien malgré eux...) de ces temples arbitraires, et la Société des gens de Lettres vous est reconnaissante de votre humilité qui assied encore plus son prestigieux mais mensonger monopole (le monopole de la prise de parole dans les salons littéraire).

Rimbaud, Pascal, Descartes, Montesquieu, rien que des noms de prestige qui vous impressionnent et que vous ne songeriez jamais à railler au nom de votre si précieuse, si chère et impénitente modestie... Mais toutes ces belles gens ont précisément prôné la légèreté, la liberté et le courage de penser par soi-même, l'humour (si salvateur !), l'esprit critique, bref la SOUVERAINE INTELLIGENCE, celle qui vous fait tellement défaut ici !

Est-ce mon extraordinaire assurance qui vous irrite tant, ou bien simplement mon incommensurable et si inattendu bon sens ? Vous, vous n'êtes sûrs que d'une chose : de votre moindre valeur, de votre statut de moutons, de suiveurs, d'adorateurs, de serfs...

Les vrais seigneurs de ce monde ne sont pas les gens dénués de digne assurance, de virile certitude, d'indispensable fierté comme vous, mais ceux qui, comme moi, savent tenir tête aux héros. Et cela au nom de rien d'autre que de leur inaliénable, incorruptible et définitive fierté d'être ce qu'ils sont. Nulle lumière de l'esprit, si prestigieuse soit-elle, ne m’empêchera de briller comme l'étoile que je suis.

Sachons rendre un juste hommage à tous ces empereurs de la Pensée et des Arts qui nous ont précédés, certes. Mais César, parce qu'il est César, ne pourra cependant jamais m'empêcher d'être ce que je suis. Ni de me faire de l'ombre. Une pyramide, si haute, si colossale, si durable soit-elle, n'a pas la vertu de rendre moins glorieux un astre.

Je suis cet astre. Demeurez ces ternes personnalités si vous le souhaitez, mais de grâce, laissez-moi m'enivrer de mon propre éclat.

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