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vendredi 18 mai 2007

518 - Une ferme en mars

Il pleut sur la ferme sarthoise. Les toits soupirent, les gouttières chantent leur ennui, dans la boue ruisselle une onde triste : le mois de mars prend parfois des allures sinistres dans les campagnes. La jeune fille regarde tomber la pluie maussade à travers les carreaux. Elle se sait laide, sans avenir, vouée à la solitude.

De la buée formée par les exhalaisons d'un pot-au-feu qui mijote voile les vitres de la fenêtre donnant sur la Misère : une basse-cour morne couverte de flaques. D'un geste las la jeune fille passe la main sur le carreau embué. Pour mieux voir l'enfer sous la pluie, peut-être.

Assis près de la cuisinière, ses vieux parents attendent en silence. Ils regardent dans le vide, la tête pleine des minutes qui passent. Le pot-au-feu semble être la seule cause apte à combler ces âmes pareilles à des souches. Le tic-tac de l'horloge séculaire tue à petit feu le temps qui s'étire, s'étire... La jeune fille regarde toujours la basse-cour trempée. Figée devant la fenêtre, elle n'entend plus le sempiternel tic-tac du cercueil derrière elle. Et ce pot-au-feu haï, exécré, abhorré qui suinte la torpeur, la province, les habitudes... Ce satané pot-au-feu, trésor des hospices qui réjouit la vieillesse et afflige les anges...

Prend-elle pleinement conscience à cet instant précis du malheur de sa vie ? Après un long soupir, comme possédée par une folie libératrice, elle hurle de toutes ses forces face à la fenêtre honnie !

Puis sort devant les vieillards hébétés, court devant les étables, quitte la ferme, court encore à travers champs, longtemps, fouaillée par les éléments, déchirée par les ronces, enfin s'arrête, essoufflée, la tête levée vers le ciel, le visage luisant de pluie et de pleurs mêlés, et dans des sanglots profonds, déchirants, s'adressant aux nuages :

- Emportez-moi, amis d'en haut ! Emmenez-moi dans vos hauteurs tourmentées et magnifiques ! Laissez-moi vous chevaucher, prenons ensemble la direction de l'éternité, chers voyageurs célestes ! Faites-moi oublier mes sabots, vous qui avez des ailes. Faites légère ma vie. Ne voyez-vous pas que je traîne de la boue à mes semelles ? Peuplez mes nuits de rêves splendides, car en plein jour je ne songe plus au bonheur... Accordez-moi une seconde chance vers les astres, puisque je m'enlise en cette terre où tout meurt autour de moi. Je suis laide, je suis seule, je suis damnée, aimez-moi au moins un peu, vous les nuages ! Aimez-moi, vous qui passez si haut au-dessus de la ferme où pour ma peine j'ai vu le jour ! Aimez-moi une fois, au lieu de me punir encore de vos larmes moqueuses !

La fièvre retombée, l'hystérie passée, son chagrin déversé dans le ciel sourd, ses espoirs semés au vent inutile, sa prière envolée vers les nuages impassibles, l'éplorée tristement s'en retourne vers la ferme, trempée, grelottante, résignée, le pas plus pesant que jamais. Là-bas deux vieillards l'attendent. Certes secoués mais ne se départant pas de leur solide sens des réalités : au retour de leur fille, ils la réconforteront avec les moyens à leur portée.

Avec un peu de chance, le pot-au-feu sera encore chaud.

1 commentaire:

  1. Le rêve de Louise

    La ferme l’attendait, grise sous le ciel gri et muet.
    Louise rentra chêz elle, les mains pendant , les yeux brulat encore du fleuve de ses larmes, vouées aux cieux, impuissantes à changer sa vie de misère et de solitude.
    Ses parents l’attendaient eux aussi. Ils avaient fait des efforts a maintenir chaud le pot-au-feu, le comble des réconfortements qu’ils puissent lui offrir.
    Assise à table elle goûta le pot-au feu, degoûtée par l’amertûme de la vie, juste pour faire plaisir aux vieux qui la regardaient satisfaits, d’un air presqu’admiratif…
    Ensuite sa mère s’est rendu compte que la jeune fille était trempée et elle mis une couverture d’un vert décoloré sur les épaules vaincus de sa fille. Grelottant encore elle va dans sa chambre pour se changer les vêtements. Une toux cuissante la sécoue.
    Elle s’est blottie dans son lit, sous la même couverture pâle et dèja umide, insouciante pour elle même. Elle s’en dort et elle ne rêve rien.
    La journée suivante passe aussi pèsante que les autres. Routine.
    Pour les pauvres et les laidrons, Dieu est bon et comprehensif, mais sourd….il fait de la musique pour ceux qui savent écouter, pas pour ceux qui crient.
    Mais la nuit, Louise fait un beau, magnifique rêve.

    Au-dessus du toit de sa maison, le plafon épais de nuages gris, s’illumine. Des rayons de lumière caressant ses yeux éplorés, la réveillent. Douze chevaux aiéls descendent du ciel vers sa misère. Sur le plus beau, sur le plus blanc d’entre eux, un Roi lui tend la main. Louise regard son front lumineux qui n’avait plus besoin d’aucune couronne pour briller, ses yeux ou l’immensité de l’univers pouvait se noyer et se rend compte qu’elle était mal vêtue. La honte ! Le tablier était usé et plein de tâches. Mais quand elle veut l’ôter, elle s’appercue qu’elle n’avait plus ses vêtements, le sceau de sa misère, mais un habit magnifique, tissu des ailes de papillons bleus.
    Elle ose tendre la main vers le Roi et ils s’en volent, ils côttoyent le bleu dérière le bleu, là ou les astres sont les fleurs de la plaine divine. Ils éblouissent les anges qui leur font des révérences. Les muses chantent et dansent pour eux. La lumière les marie pour l’éthernité.
    Elle se réveille étourdie, éblouie, un peu triste, mais plus confiante que jamais. Les sabots ne sont plus lourd et la boue ne la souille plus.
    Elle ne rêve pas d’un bonheur terrestre, impossible pour elle, mais elle sait qu’elle est la jeune mariée du Roi. Belle.
    Liliana

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