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mercredi 22 octobre 2008

809 - Le procès fait contre Eric Zemmour à propos de son roman inspiré de faits réels

Dans le débat public, qu'il soit d'inspiration médiatique ou romanesque, je suis contre le "floutage" des vérités, des visages, des marques, des coordonnées en général. Certes il faut protéger le faible, respecter les légitimes pudeurs de chacun. Il ne s'agit pas non plus de jeter en pâture de potentielles victimes au nom de la vérité.

Mais dés lors que les gens sont adultes, responsables, vaccinés, ils doivent assumer totalement les inconvénients de la vie en société. S'ils adhèrent sans difficulté aux avantages et bienfaits de la vie sociale, il doivent également consentir aux rigueurs et contrariétés inhérentes à toute société cohérente. Cela s'appelle ni plus ni moins l'intelligence sociale et c'est la moindre des choses que de se plier à ses élémentaires exigences.

Si les gens aspirent au silence médiatique, à l'anonymat voire à l'oubli, bref s'ils veulent vivre "en paix" selon leurs critères strictement individualistes, personne ne les empêche de se faire ermites.

Le fait d'être cité dans un roman pour telle ou telle raison fait partie des risques de la vie. Ce refus maladif de la part des citoyens (de plus en plus déresponsabilisés) de prendre le risque de se faire renverser par les bolides du "hasard et des merveilles" sur le chemin de l'existence est significatif de la frilosité, du désir d'introversion des membres de cette société encadrée par des lois toujours plus infantilisantes.

Rappelons que vivre, c'est fatalement une aventure. A moins de souhaiter ne jamais sortir de sa coquille originelle, vivre c'est affronter le réel. Avec tout ce que cela suppose de bienfaits et d'amertume. D'ailleurs les épines de la vie, c'est ce qui constitue aussi sa richesse.

Pour en revenir au désir d'anonymat de certaines personnes citées publiquement, quelle valeur peut avoir un témoignage s'il est quasi anonyme ? Je ne vois pas en quoi la sécurité ou la renommée de tel ou tel acteur de la vie médiatique, politique, de la vie sociale en général peut être mise en jeu dans le cadre de l'expression publique.

Que ceux qui n'ont rien à cacher, rien à craindre, au lieu d'opposer d'inutiles barrières à l'établissement de la vérité (ou dans le cas qui nous préoccupe à l'élaboration du roman) acceptent d'être inclus, nommés, cités dans les débats, romans, articles... Leur cause en deviendra beaucoup moins suspecte et cela coupera court au vacarme médiatique qu'il entretiennent perversement par leurs simples protestations...

Cette société de "floutage" systématique manque de virilité.

Très révélateur de son malaise : l'emploi de mots qui dénaturent le réel. Sous couvert de respect d'autrui, le verbe s'édulcore. Ainsi sont sortis les termes qui arrondissent les angles... Est-ce respecter un être humain que de le qualifier de BLACK, de SENIOR ou de BEUR ? Non, c'est le rabaisser à hauteur du "linguistiquement lisse", c'est le formater selon les critères lénifiants de cette mode niaiseuse consistant à aseptiser les êtres en dépit de leurs odorantes, visuelles ou culturelles différences.

Nous sommes dans une société hyper frileuse pleine de mollassons, de pantouflards où les hommes torchent des gamins et chialent devant leur poste de télévision pour un oui, pour un non !

Dans cette société d'assistanat mental la vérité fait peur, les idées font peur, les mots font peur. On édulcore la réalité, la pensée, le verbe.

Une affreuse vieillarde devient une gentille MAMIE. Un vieux sénile baveux est transformé en sémillant SENIOR.

Un homme n'est pas un produit calibré, empaqueté, uniformisé, c'est un univers individuel avec ses contradictions, ses outrances, ses bassesses et ses hauteurs. Et son odeur.

En qualifiant un NOIR de BLACK, une FEMME OBESE de RONDE, un VIEUX de SENIOR, une VIEILLARDE de MAMIE, on fait perdre toute sa saveur à l'individu ainsi désigné, on lui ôte sa singularité, on l'uniformise, on le standardise, bref on le fait entrer bien proprement dans nos petits moules étriqués si "politiquement corrects".


Le procès fait à Eric Zemmour procède de cet état d'esprit de notre société immature sous assistance législative où non seulement la vigueur du propos mais encore la VERITE des faits ont été remplacés par la mollesse du discours, le mensonge social.

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