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vendredi 19 septembre 2008

FUNERAILLES DE ROBERT JARRY, ANCIEN MAIRE DU MANS

Comme deux ou trois-cents manceaux en cette matinée du 19 septembre 2008, j'ai assisté aux funérailles de Robert Jarry au cimetière de Pontlieue.

LE CONVOI

Les manceaux sont venus en petit nombre.

Le ciel limpide et la fraîcheur de l'air semblent faire écho aux coeurs en deuil. Mais le soleil de septembre fait l'effet d'un baume sur la mort.

Etrange sensation de mélancolie.

Les regards sont pénétrés, les fronts baissés, certaines mines sont affligées, d'autres plus calmes. Dans la foule, quelques anonymes se reconnaissent et s'échangent des sourires amicaux. Le maire écoute l'hommage d'une amie de la famille Jarry, recueilli, ému. Bientôt le convoi s'ébranle. Les pas sont lents, pesants, feutrés. Dans l'assistance, pas un murmure. Un petit vent d'automne soulève quelques feuilles mortes qui retombent aux pieds des marcheurs.

Instant solennel, le dépôt du cercueil dans la sépulture.

Instant de grâce aussi, au moins pour moi : la scène mortuaire se transforme et m'apparaît sous une lumière inattendue. Tout semble irréel, doux et lointain, idéal et paisible. Comme si les suiveurs du convoi étaient désincarnés, hors du temps et du monde matériel. Profondeurs inconnues de l'âme aux prises avec les mystères oniriques... Je vois une troupe d'êtres célestes escorter une étoile jusqu'au seuil du firmament pour lui dire adieu. Les visages qui m'entourent n'ont plus de nom, plus d'identité temporelle : la poésie universelle a transfiguré les êtres et les choses autour de moi, et à travers les larmes j'entrevois le pur cristal d'une vérité poétique révélée.

Comme les autres manceaux, je m'approche de la tombe. Le gouffre ouvert à mes pieds ne m'effraie pas et la vue de cette chose qui gît au fond n'a point ce goût amer que j'avais tant redouté. Presque détaché, je jette un regard un peu distrait sur le bois couvert de chrysanthèmes, étonné par la sérénité de mon geste.

Au loin, le bruit atténué d'un TGV fait songer à un vol d'oiseaux au-dessus de l’assemblée. Quelques têtes se lèvent au ciel. Tout est fini.

On vient de mettre un ami en terre.

Raphaël Zacharie de Izarra

3 commentaires:

  1. Limpide observation d'un groupuscule mortuaire, saupoudrée d'une poétique envolée, ce texte était plaisant et reposant à lire.
    J'ai particulièrement apprécié ce transport, qui, prématurément réuni les vivants du défunt: " Comme si les suiveurs du convoi étaient désincarnés, hors du temps et du monde matériel."

    Charlotte

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  2. toi t trooo fooooor !!!!
    jte kif grav !!!

    biz ^^

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