Nombre total de pages vues

dimanche 20 mai 2007

658 - Pourquoi je méprise les Napoléon

L'ambitieux tyran a pour dessein de satisfaire son criminel ego. Il se croit grand alors qu'il est petit. En effet, lorsqu'il soulève des armées de paisibles jardiniers pour servir sa cause, il casse des oeufs pour ne faire aucune omelette... Il dérange des montagnes pour ses lubies mesquines.

L'empereur qui a des vues sur le monde sacrifie la vie de milliers d'individus dont pour certains les vues et l'intelligence englobent et dépassent ses petites réalités de despote. La force de l'empereur, c'est précisément qu'il a pour lui la force. Mais rien de plus. Les vues d'un Napoléon sont uniquement politiques, géographiques, historiques. Les vues de tel ou tel soldat enrôlé de force par ce Napoléon vont parfois bien au-delà de celles pour lesquelles il donne sa vie.

Lorsqu'un grand mathématicien, quelque beau philosophe, un chercheur ou un penseur quelconque pris dans l'étau de l'histoire se retrouve en train d'agoniser sur un champ de bataille napoléonien alors que dans sa tête se sont formées, inconnues du monde, des conceptions bien plus éclatantes, autrement plus élevées, plus durables et consistantes que les considérations temporelles et politiques d'un Napoléon postulant aux palmes militaires, l'absurdité des conquêtes impériales n'en est que plus intolérable. Un empire politique constitué sur les ruines de tels esprits, apolitiques eux, ressemble à une partie d'échecs ubuesque. C'est un château de pierre que l'on détruit pour le remplacer par un palais de sable.

De même certains politiciens voudraient faire nôtres leurs ambitions... Ils aimeraient que nous embrassions nous aussi la cause qu'ils défendent. Ce serait dans certains cas un bien grand gâchis que de détourner de leurs voies de beaux esprits, de rétrécir leur vue incluant des horizons plus vastes que le champ politique !

Sur la balance de l'esprit, quel intérêt à vouloir dominer le monde lorsque dans les rangs des soldats enrôlés pour la cause, un esprit dépasse ne serait-ce que d'un pouce les lauriers posés sur la tête de celui au nom de qui ces rangs ont été formés ? Mauvais calcul. Les Napoléon ont des vues brèves, tandis que la plupart de leurs victimes ont des vues de grande portée. Le déséquilibre est là.

Ubu a pour lui la force. Quant à la bêtise, c'est sa loi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire