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dimanche 20 mai 2007

695 - Les mots denses

"Une goutte d'encre choit dans l'onde qui s'azure."

Décortiquons de plus près le minuscule événement à travers le prisme grossissant de la Plume...

L'art décrire, c'est l'or décrit par la mine et le plomb, c'est doser le sel, poser le mot, causer l'effet, ralentir d'un pas, avancer d'un pied, défaire le fil, mesurer le vers, vider la mer et remplir la mare.

Bref, changer le vers en soi en ver à soie et le faire valoir, puis changer le fer en foire, l'affaire en poire et finir par se désaltérer les poumons avec un grand verre de jus de pomme.

Revenons l'air de rien à la goutte d'encre qui au début de ce texte avait bleui l'eau... Garder le cap, retourner juste l'image et faire un sang avec cette ancre soudaine, la jeter par dessus bord, porter le voile, lever les yeux au ciel, ôter ses chaînes, briser les vagues puis se laisser emporter par le souffle du large. Écrire de la sorte c'est nécessairement tremper la plume, mouiller la poule et faire mousser le pont. Ce qui fait que le coq écume, que le vécu vaut l'écu et que l'écho fait la crête. Toujours conclure avec des enclumes : ça met de la neige dans la plume, de la brume dans la lune et du lustre dans l'astre.

Arrivé au terme de ce texte, vous remplissez une poire avec de l'eau salée, la pressez fort comme une citrouille afin d'en envoyer une bonne giclée dans l'oeil de celui qui vous écoute. Ébloui, il ouvrira grand la douche. Empoté comme une souche, mou comme un boulet, pâle comme l'éclair, il ne tombera jamais dans les os troubles. Les clichés pour la Plume sont des eaux claires, des fosses communes, des vrais pieux, des ratés par définition.

Sa bouche bée se fera fatalement bouée : vous sortirez sauf de ce fatras, vif de ce foin, sec de ce feu, fier de vous.

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