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mardi 15 mai 2007

204 - Dans le vent

Je me suis fabriqué un cerf-volant. Je n'ignore plus, après maints exemples réussis, les secrets de la confection d'un tel engin. Bambous et tissu, dextérité et expérience sont les quelques éléments indispensables pour donner des ailes à un quotidien trop pesant.

Contempler dans le ciel cette oeuvre issue de mes mains, la voir flotter dans l'azur venté avec une joie d'enfant, c'est projeter le meilleur de moi-même dans les nues tant convoitées, par matière maîtrisée interposée. Sous le souffle du ciel (image de l'esprit divin) j'exprime librement mon désir le plus intime, le plus vital, mon désir essentiel : jouer avec le vent.

Je fais alors oeuvre pie, parce que mon sourire de ravissement est dirigé vers le ciel, destiné aux nuages, et atteindra même les plus lointaines étoiles un jour. Mais surtout, surtout parce que lorsque je demeure des heures à admirer cet oiseau tenu en laisse, ce symbole d'allégement, cet objet identifié volant à hauteur de mes rêves, c'est votre visage que je vois dans le ciel, transfiguré au travers de l'aérienne conception née de mes propres mains.

Et c'est vers ce visage ailé que s'élancent mes plus ferventes prières, sous le vent que je n'entends presque plus, attentif à vos traits retrouvés.

Et alors que chante, grisolle l'alouette, qu'elle lance au ciel ses tire-lire, j'attends que des hauteurs en turbulence me parvienne votre voix qui m'est si chère, portée par le vent, inventée par lui peut-être (vagues sifflements aux accents oniriques, déformés en sons audibles sous l'émoi de l'amoureuse vision), et qu'elle me dise l'indicible, l'inouï, l'inoubliable : l'amour.

Oui, voyez-vous, lorsque souffle le vent je joue, moi.

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